par Mony Elkaïm « A quel psy se vouer »
Le « malade mental » est il la source unique de son mal ? Et si ce n’est pas le cas, faut-il limiter la thérapie à un tête à tête entre le thérapeute et le patient, ou l’ouvrir au cadre, plus large, du groupe dont il fait partie ? Telles sont les deux questions fondamentales qui sont à l’origine des thérapies familiales, de leur pratique clinique comme de leur approchethéorique du symptôme.
Dans les années 1930 de nombreux praticiens, qui avaient adopté une attitude critique à l’égard de la psychiatrie, se tournèrent vers la thérapie familiale qui leur permettait de ne plus considérer l’individu comme unique source de sa propre souffrance ; il fallait incriminer le contexte familial, social, politique, et les thérapies de famille pouvaient fournir les outils nécessaires à cette critique des contextes familiaux, institutionnels et sociaux, que l’on jugeait répressifs.
La « thérapie contextuelle » explore les « loyautés transgénérationnelles » qui parcourent une famille. Dans quelle mesure le patient ne porte-t-il pas à son insu « les chaînes de loyautés et de legs invisibles », c’est-à-dire d’injonctions ou de commandements venus d’autres membres de la famille ou de générations précédentes, dont il faut le délivrer afin qu’il puisse « abandonner ses comportements symptômatiques et explorer de nouvelles options ».
Telle est la tâche que doit se fixer le thérapeute.
Les problèmes que rencontrent une famille ou un couple doivent être compris à la lumière des conflits intériorisés dans le passé, et la thérapie de couple, pour être efficace, peut nécessiter la présence de la famille d’origine des patients ( quand cela est possible), afin de mettre en évidence les éléments venus du passé que la structure présente a réveillés et réactualisés. Aussi les « deuils non faits » d’une famille la conduisent à vivre un « équilibre pathologique ». La thérapie devra permettre à la famille de faire le ou les deuils, s’il y en a, qui la délivreront.